La première émission en intégralité! (52')

vendredi 17 avril 2009

Jour J-15

Bonjour,
et bien voilà, après moults péripéties, de bonnes nouvelles en désilusions... du yo yo durant 2 mois, notre projet de reportages à Madagascar connaît un dénouement heureux: l'armée a remis les clefs du pays au maire de la capitale, ex DJ, âgé de 35 ans et connu sous le surnom bien approprié de TGV (cocorico!) vu la rapidité de son ascension.
Situation plus "calme" signifie achat de billets destination Antananarivo. Bienvenue dans notre quotidien bien loin de notre Moselle chérie du 03 au 16 avril 2009.
Jour après jour, retrouvez nos impressions, nos rencontres, nos tranches de vie, le tout agrémenté de photos.


jour 1


Madagascar, 3eme aventure africaine après le Burundi et le Cameroun. Décollage vendredi 3 avril à 10h20. 48H avant le décollage, Air France nous prévient d'un léger décalage au décollage. Ce sera finalement dans l'après-midi. Même pas grave et nous préférons atterrir à Antananarivo de bon petit matin plutôt qu'à 22H. Vendredi midi, dernier appel à notre contact malgache avant de rejoindre Lorraine TGV pour Roissy CDG...et là....panique....Patrick a des propos peu rassurants. Suite au coup d'état du jeune TGV, Andry Rajoelina, la situation est loin d'être calme à Antananarivo même si l'ancien président, Marc Ravalomanana a jeté l'éponge et quitté l'ile pour le Swaziland. Agressions, pillages, gaz lacrymogènes seraient notre cocktail de bienvenue. Patrick réussit à nous inquiéter. Impossible de nous héberger. C'est légèrement angoissés que nous prenons la direction de Roissy. Et si nous annulions tout en arrivant au terminal 2 !!!. Heureusement André du Rotary Club Metz La Fayette nous donne un contact joker, Mireille, ancienne ministre de la culture. Sur le quai de la gare nous la contactons. Elle nous confirme que la situation est catastrophique mais ne nous dissuade pas d'embarquer. Et Patrick nous assure qu'une voiture sera à l'arrivée.

Pratique le TGV Est pour rejoindre Roissy, 75 minutes chrono. Il n'y a pas foule à l'enregistrement et nous entrons dans l'airbus A340, 8800 km, 10h20, vol direct pour Antananarivo. Faut il s'attarder sur les attentions low cost d'un tarif "plein cost" ? Madagascar dépend d'après l'hôtesse du secteur Océan Indien, Antilles...et n'a pas droit aux prestations réservées au secteur Afrique..ni apéritif ni digestif, heureusement que nous militons pour un voyage "sobre").


Atterrissage on time, à 5 heures, heure locale, french time plus one, 18 degrés. Nous n'avons pas fait la démarche d'acheter les visas en France, bonne idée, la file des visas à obtenir sur place est plus courte et elle avance vite. Un peu plus cher certes mais sans souci. Romann a parié avec un passager que nous sortirions de l'aéroport en moins de 2H30.....1 heure plus tard, nous en avons terminé avec les formalités.



Le chauffeur de Patrick nous conduit à l'Anjary Hotel.

2 coïncidences étonnantes et amusantes : Le père Pedro, notre star à Madagascar, celui que nous espérons rencontrer, comme Maguy au Burundi ou la Reine Blanche au Cameroun, et avec qui Caroline essaie sans succès d'établir le contact depuis plusieurs semaines est dans le même avion au retour d'un séjour en Argentine, son pays d'origine...Il nous hébergera pour les fêtes de Pâques. Et puis juste pour le fun, l'autre anecdote, pour le formulaire douanier, nous devons indiquer un hôtel dans la capitale.



Au hasard, nous en choisissons un dans notre petit futé.....et voilà qu'à notre plus grande surprise c'est l'hôtel que nous a réservé Patrick. Passées les premières angoisses, le destin nous donnerait-il un coup de pouce ?

Entre deux siestes pour essayer de récupérer de notre courte nuit en avion, Thierry essaie de trouver un chauffeur pour nous conduire à Antsirabé, plein sud depuis la capitale, à environ 160 km. 4 solutions s'offrent à nous, et après réflexion et analyse stratégique de la situation, nous optons pour la solution B, compromis entre efficacité et tarif raisonnable, notre contact privilégié ne répondant pas.


Direction à présent le Zébu, café restaurant où nous avons rendez vous, situé à 10 minutes de notre hôtel. Nous décidons d'y aller à pied. Rues vallonnées, maisons de briques à étages vestiges de l'époque coloniale, nous déambulons parmi les 4L et les 2cv. Petite halte dans une boutique fashion: 4 tee shirt pour 120 000 ariary, soit 48€.


Nous voilà arrivés au ZOB, zébu original bistro. Nous sommes accueillis par Philippe, le gérant, français et ancien militaire. Le restaurant est une maison familiale d'époque, avec comme spécialité...le zébu. Mireille Rakoutomalala, ancienne ministre de la culture et de la communication, nous accueille à bras ouverts dans son établissement de charme. Elle sera l'introduction sonore de ce voyage et nous parle de sa vie à Madagascar, de la situation du pays,... une première rencontre chaleureuse et très agréable après les angoisses pré-départ.

Au menu, filet de zébu, vin malgache (typique mais non conseillé, préférez lui les vins sud Africain). Ambiance musicale: guitare acoustique avec au répertoire Jacques Brel en langue malgache, entre autre.

22 heures, un taxi, une 4L (of course!) nous ramène à l'hôtel. Fin de soirée calme. Demain départ à 8h, à la rencontre des "enfants du soleil", association venant en aide aux enfants de la rue.

Antananarivo...4 avril...minuit, nous ne réalisons pas que nous y sommes vraiment.

jour 2




Tout d'abord, nous vous présentons nos excuses pour le "peu de photo". Ici, la seule fibre existante, c'est la fibre de coton...


Dimanche 5 avril, 8 heures, ce dimanche matin, pas trop tôt, pas trop tard, la bonne heure pour débuter vraiment notre aventure malgache. Nous faisons la connaissance de Massi, notre chauffeur, avec qui nous allons voyager une petite semaine vers le sud est de l'île. Nous pensons tout d'abord rejoindre Antsirabé, à 170 Km, y passer la nuit, rencontrer Les Enfants du soleil, un projet dont nous reparlerons, Puis décidons, comme c'est dimanche et qu'à Madagascar c'est vraiment un jour chômé, de descendre davantage. Objectif Ambositra mais on prononce "Ambouchhhhh", à 250 km de la capitale. 5 heures de bonne route.



Les paysages qui se succèdent sont variés et superbes. Collines, virages, vallées, tournants, rizières avec dégradés de vert, montées, rivières, descentes, cascades, troupeaux et sur les bord de la nationale 7 macadamée, vente de fruits et légumes colorés et goûteux. Oranges, ananas, tomates, carottes et salades, pourtant la population de la région n'est pas grosse consommatrice de légumes préférant le riz. 



Les villages aux maisons de briques rouge offrent un contraste coloré. Nous sommes étonnés par ces petites maisons étroites mais très hautes différentes de l'habitat africain. La famille vit parait-il à l'étage, coupée du sol et d'éventuels pillages. Le rez-de- chaussée étant réservé au bétail mais attention au vol de zébus. Nous en reparlerons aussi, promis, il semblerait que ce soit une tradition romantique dans certaines provinces.




Massi conduit prudemment, nous entrons en milieu d'après midi dans Ambositra. Première préoccupation, trouver un hôtel, second souci, localiser René Georges Billiotte, notre objectif lorrain de la DCC, délégation catholique pour la coopération. La première étape se résoud facilement : nous nous installons à l'hôtel Prestige, dont les chambres sont spacieuses, ce qui permet de loger quelques locataires inattendus et dispensables pour Caroline : les araignées. Palmiers, grande terrasse, et vue imprenable sur la vallée.

Etape suivante: retrouver notre contact de la journée, René Georges. Nous appelons son portable. Surprise, une voix de femme. Une bonne soeur qui nous donne un autre numéro de portable... pas plus de succès. Nous nous rendons donc à son domicile. Il vivrait dans une maison d'accueil pour personnes malades et s'y investit mais pas de RG et plus inquiétant, personne ne semble le connaître. Que faire? comment le contacter? Ce numéro de téléphone est-il le bon? En a-t-il un autre? plusieurs autres? où le trouver? quelqu'un le connait-il? Existe-t-il vraiment?? Au bord du désespoir, notre sauveur apparaît enfin! Un jeune séminariste qui nous annonce que oui, René Georges existe bien, qu'il le connaît et, summum de la chance, il a ses coordonnées... Il tente le même numéro que nous... et RG décroche. Alléluia !!!!

 Et nous apprenons le fin mot de l'histoire....Tout ce mic mac parce qu'en fait ici, René Georges n'existe effectivement pas, tout le monde l'appelle Gégeo ou Dadabé ( grand-père, René Georges Billiotte étant un septuagénaire plus que dynamique)Retour à la maison d'accueil des malades, où Gégeo nous attend assis sur un banc à l'ombre des arbres, la brume tombe doucement sur la ville, la nuit n'est pas loin. Interview au son des cigales, Dadabé évque son parcours, ce qui l'a amené à Madagascar pour la première fois, son coup de foudre pour le pays et sa volonté, étant veuf, d'une autre vie pour sa retraite. C'était il y a 6 ans maintenant. C'est ainsi qu'il a accompagné la construction d'une mission pour des soeurs de brousse et qu'il est maintenant le promoteur d'un centre de soin ORL et bucco dentaire à l'hopital de "Ambouchhhhh". 

After interview, tous ensemble au restaurant l'Oasis, le meilleur de la ville, avec au menu soupe de légumes, nems ou encore cordon bleu de zébu, rhum à la prune.. et un dernier à la banane... pour la route. Notre chauffeur, lui, ne boit pas d'alccol. Pour info, menu pour 4 à 20€. Une cuisine métissée à l'image de la patronne, sino-malgacho-européenne. Une vraie "madascarienne" quoi...

jour 3


LUNDI 6 AVRIL

Réveil dès l'aube. La nature est sonore. Pas de temps à perdre de toute façon, nous devons être en fin de matinée à Fianarantsoa. Demander un petit déjeuner à l'hôtel Prestige surprend un peu. Branle-bas de combat pour trouver du café, du pain, des oeufs.

8H30, Massi est d'attaque pour l'étape de 130 km. C'est vraiment couvert ce matin et il pleut ou pleuviotte, ça dépend.

Ambiance somnolente dans la voiture jusqu'à ce que nous fassions étape au marché d'un village.


Dommage, le manque de soleil ternit la beauté des paysages, pourtant la terre très rouge serait photogénique avec quelques rayons. Très coloré et sonore ce marché. Nous aurions pu acheter des petits ou gros cochons, des vêtements, des galettes en forme de hamburger, des médicaments, des écrevisses, du tabac en feuille ou en poudre, du savon....bref, c'est probablement le grand marché hebdomadaire digne de La Samaritaine.



Nous entrons dans Fianarantsoa à l'heure du déjeuner. Chaque étape est une chasse à l'homme. 3 cibles aujourd'hui, Pierrot Men, photographe de renom, nous localisons facilement son magasin mais il vient, nous l'apprenons de rentrer d'Afrique du sud et n'est pas encore en ville. Aurions nous une bonne étoile? Il sera à Antanarivo mardi pour le vernissage de son expo photo...et nous aussi.
Cible 2, le père Zocco, un jésuite sicilien dans l'ile depuis plus de 50 ans. Localisation facile au centre de soins où il vit et a son bureau. Rendez vous fixé à 17 heures.

Cible 3, Pierre Bouteaux, il a dirigé "les enfants du soleil" pendant 10 ans et a créé depuis "l'aide aux filles et femmes en détresse". Nous peinons à trouver son portable et partons vainement à sa recherche. Pause déjeuner au Panda, restaurant franco chinois. A Fianarantsoa, nous croisons des européens locaux. Nous en avions peu vus à Tana et pas du tout depuis que nous sommes sur la route. Romann se lance et commande du crocodile au déjeuner. Exotique et rappelant certains poissons fermes et légèrement gélatineux.

Nous aurions pu être encore plus aventureux et déguster de la chauve-souris, non protégée, rappelant parait- il le lapin. Romann sauce son assiette. 17 heure, nous entrons dans le bureau du père Zocco. Nous savons qu'il connaît Mr Boutaud, notre prochaine cible, et lui demandons un coup de main pour le contacter, car il reste pour l'instant injoignable. Il ne lui faut pas plus d'un coup de fil pour lui annoncer notre venue, plus tard dans la soirée. Puis padre Zocco se lance. Il évoque sa vie de Jesuite, son arrivée à Madagascar pour s'occuper d'un collège alors qu'il n'a que 24 ans. Nous percevons sa passion pour l'île.


Cette italien d'origine nous avoue même avoir choisi de mourir ici. Il nous parle aussi de l'hôpital dans lequel il travaille, et pour lequel il est gestionnaire.

Nous nous dirigeons ensuite vers le domicile de Pierre Boutaud, à l'entrée de la ville. Il nous accueille avec sa femme, Nicole, qui gère avec lui l'AFFD. Nous leur demandons s'il est possible de rencontrer les "filles", tenter de les interviewer. Le foyer se situe à quelques minutes de voiture mais la route n'est pas dans le même état. Nous retrouvons enfin les bosses et les trous qui font tout le charme des pistes africaines. Une fois arrivés, nous entrons dans la maison, et découvrons les jeunes filles assises devant la télévision, plongées dans un feuilleton romantique. Nous les laissons dîner tranquillement et nous installons dans le jardin afin de laisser Pierre Boudraud nous expliquer le fonctionnement de son association.


Il s'agit en fait d'un ONG qui a pour mission de recueillir dans la rue les jeunes prostituées. Jeunes, comprenez entre 12 et 15 ans... Pierre est St-Cyrien, colonel en retraite, un camarade de promotion lui a fait mettre un pied en Afrique, au Sénégal, pour s'occuper de son ong, "Les enfants du soleil". Depuis, du Sénégal à Madagascar, l'Afrique et l'océan indien, occupent pleinement le couple, 4 mois ici et tous les autres jours en France pour récolter les fonds. Nous rentrons enfin dans la maison, les filles ont fini de manger. Thierry demande s'il est possible de poser quelques questions à l'une des jeunes filles. Après une hésitation, leur "maman", Sidonie, pose la question. Catherine nous parle, un peu, de son histoire, Sidonie traduit. Nous apprenons notamment que c'est sa mère, prostituée elle aussi, qui l'a amenée. Sa soeur, elle, se prostitue toujours et son frère fait carrière comme pickpocket. Un environnement qui permet difficilement de s'en sortir... Mais c'était sans compter sur l'aide de l'AFFD. Petite séance photo avant le départ ;


Pierre et sa femme nous redéposent à l' hôtel.




jour 4



Mardi 7 avril

Toute le pluie tombe sur moi (raindrops keep falling on my head) ...Pluie dès le départ ce matin à Fianarantsoa et pluie sur tout le trajet, magnifique au demeurant, collines toujours vertes, rizieres, puis cascades impressionnantes et virages suivant d'autres virages, les lignes droites sont rares, montées, descentes.

Nous avons un peu mal au coeur, ajoutons une petite odeur d'essence persistante dans la 405 verte. Sur les sommets, le vent se renforce, les grands arbres swingent et nous nous inquiétons. Nous ne savons pas encore qu'elle s'appelle Jade, cette tempête tropicale, qui à priori ne sera pas un cyclone sur Madagascar. Des feuilles, des branches jalonnent le trajet. 200 km jusqu'à Mananjary, prononcez Manannzarrrr, au sud-est de Antananarivo au bord de l'océan indien. Nous avons promis à Jean-Yves L'homme que nous serions là pour le déjeuner. Et Massi, notre chauffeur, a fait des merveilles. Avec une précision suisse, nous entrons à midi précise à l'évéché. Surprise, c'est Monseigneur, l'évêque himself qui nous ouvre la porte et nous accueille, José Alfredo Caires de Nobrega nous souhaite la bienvenue et nous dirige vers la grande table pour un repas des plus sympathiques et convivaux. La pluie ne faiblit pas, bien au contraire. Après la sieste obligatoire pour nos hôtes, José Alfredo, l'évêque portugais, nous fait faire le tour du propriétaire. Quel domaine : 3-4 hectares, de nombreux bâtiments et même une radio diocésaine avec, oh surprise, une affiche de Radio Jerico Metz. Et quel diocèse : 14000 km2, 800 000 habitants dont 140 000 catholiques. Ici tous le prêtres se sentent un peu Louis Page, devant parfois marcher 2 jours pour rejoindre leur paroisse sans compter les pré-acheminements bus et moto brousse. Même José Alfredo est un E.V.T.T. (evêque tous terrains).

Pendant la visite, nous sommes suivis par une étrange créature: une petite boule de poils qui n'a pas peur des intempéries. Il s'agit du chien de l'évêque surnommé... Petit camembert.

15H30, nous retrouvons Jean-Yves L'homme, celui pour qui nous sommes venus jusqu'ici. Aujourd'hui, il nous fera découvrir la ville. A pied, hors de question ! La pluie n'a pas cessé depuis ce matin et redouble avec violence. La tempête tropicale est bel et bien là. Jean-Yves, avant de monter à bord de son 4X4, nous montre les cartes sur internet. Pas un cyclone, mais une dépression de 3000 km de diamètre qui fleurte avec Madagascar et chatouille également La Réunion.

Ballade dans Mananjary. Les quartiers avec les maisons en bois et le quartier vazaha, celui des blancs, vestige de l'époque coloniale avec les villas décaties et les murs usés par le climat tropical.


C'était une ville chic, lorsque nous la parcourons, elle est déserte. Nous nous arrêtons à l'embouchure du canal des Pangalanes et risquons quelques pas sur la plage, fouettés par la pluie, le vent et le sable. Nous n'avons jamais vécu cela. Minime à côté de Katrina mais impressionnant quand même pour les novices que nous sommes en matière de cyclone.



Sur le chemin du retour, Jean Yves nous présente un de ses amis, Joel Onteniente, chef d'enteprise spécialisé dans le commerce de crevette, langoustes, et civelles, poissons et crustacés surgelés en tous genres. Il emploie 7000 pêcheurs répartis sur 500km de cote et ces produits de luxe se retouvent sur les tables du monde entier. Personnage atypique, véritable aventurier, il a vécu une vie aux multiples facettes, plus ou moins glorieuses selon les époques, mais dont il n'a pas honte pour autant. ll a su rebondir pour réussir et profiter pleinement de la vie. Joel nous accueille chez lui, une villa d'inspiration marocaine dont il a dessiné lui même les plans. Au rez de chaussé, ses entrepôts et son laboratoire. A l'étage, un loft ouvert : son salon donne directement sur le canal et sa terrasse est prolongée par une piscine. Découverte insoupçonnée dans une ville a l'allure délabrée.


Il nous apporte cependant une mauvaise nouvelle : selon lui, nous ne pourrons pas quitter la ville avant 2 ou 3 jours, les routes étant sûrement coupées. En effet, toute la soirée durant, la pluie, les bourrasques, le vent n'ont pas désenflés, bien au contraire, cela empire, les branches d'arbres jonchent les rues et les chemins sont gorgés d'eau. Il suffit de 30 secondes pour être totalement trempé. Qu'a celà ne tienne, nous changerons légèrement nos plans et en profiterons pour interviewer Joel qui nous invite a venir déguster des langoustes grillées le soir même.


Un retour express à l'évêché pour une "mise au sec", et nous revoilà chez Joel, attablés devant de magnifiques langoustes, préparées simplement mais c'est la meilleure façon d'en profiter pleinement. En un mot: une merveille. Soirée dépaysante à souhait, assourdis par Jade, notre tempête tropicale, et accompagnés par quelques tortues, autres pensionnaires du loft. Fin de repas quelque peu rock'n'roll pour Romann et Caroline: direction la piscine pour un bain en plein air. Ils ne boudent pas leur plaisir.

jour 5

"Jade" a passé la nuit avec nous. Toute la nuit, nous l'avons entendue cette tempête tropicale. Rafales et pluie non stop, ponctuées de chutes de branches d'arbres. Au petit matin la pluie et le vent n'avaient que peu faibli.


Le programme de la journée en a été modifié. Stand-by une partie de la matinée, avant de retrouver Jean-Yves L'homme, pour un premier enregistrement évoquant son parcours. De préparateur en pharmacie en Touraine à la prêtrise avec la volonté d'être missionnaire.

Toujours pas d'électricité depuis hier soir, heureusement, Jean-Yves accepte d'inaugurer avec nous son groupe électrogène perso offert par le rotary club Metz Lafayette. Nous pouvons ainsi recharger les batteries et écrire le blog.
Après le déjeuner nous avons programmé une visite du site du futur hôpital privé Ste Anne, l'hôpital du diocèse dont Jean-Yves est le chef de chantier. Il appréhende un peu le retour sur place. En chemin, des troncs d'arbre sont en travers de la route, des cables électriques sont tombés.

C'est la déception pour le père batisseur, les glissements de terrain vont ralentir le chantier de 2 mois au moins.
Impossible de fixer une échéance pour l'hôpital, encore dans sa phase de terrassement. La pose de la première pierre n'est pas programmée. Il faut de la volonté, garder le moral, ne pas baisser les bras....cela s'appelle probablement "la foi" .

Retour en ville. 120 cases auraient été détruites pendant la nuit. Nous avons rendez-vous avec Joël Onteniente, le spécialiste de la langouste, crevette et civelle. Pas évident de rejoindre son loft où nous avons dîné hier. Arrivée pieds et mollets dans l'eau. Plusieurs rues sont bien inondées parfois jusqu'à la taille.

Le niveau du Canal des Pangalanes a considérablement monté. Jöel s'est battu pour sauver l'un de ses camions, heureusement ses congélateurs sont restés à la limite de l'eau.
Le chef d'entreprise nous raconte son histoire, voyage en stop en Turquie à 15 ans, l'Afghanistan et l'Inde à 18. Il fait vivre aujourd'hui 7000 familles, 35 000 personnes à Madagascar, principalement des pêcheurs. L'affaire tourne bien et il souhaite se lancer dans le vitrail et les azulejos. Tout ce qu'il entreprend réussit, il pense même à commercialiser une truffe blanche de l'ïle.

Petit coup d'oeil au ciel, cela s'améliore, lentement mais perceptiblement. Nous pensons reprendre la route demain matin. Petit hic...elle est coupée à 9 km de Mananjary. Si le niveau baisse pendant la nuit, nous passerons, sinon....il faudra trouver un plan B.
En attendant, nous dînons aux chandelles avec José Alfredo et tous les pensionnaires de l'évêché.

Romantique peut-être, mais si l'électricité revenait avec l'eau courante, nous pourrions prendre notre première douche depuis notre arrivée à Mananjary. Paradoxe de la situation : tellement d'eau dehors mais coupée dedans. C'est pourtant dérisoire face à ceux qui ont vu leur maison s'écrouler comme un chateau de cartes ou leurs rizières noyées à quelques jours de la récolte.

jour 6


On ne peut pas dire que la nuit fut agitée ; la pluie et le vent ont bien perdu de leur vigueur, ce qui n'empêche pas Thierry et Romann de jeter un coup d'oeil et d'oreille, histoire de constater que les intempéries n'ont pas repris. Au réveil, il faut bien avouer une certaine satisfaction à la vue d'un ciel relativement dégagé, de l'absence de pluie et de bourrasques et du chant matinal des oiseaux. La douceur de vivre devrait doucement reprendre ses droits, et nous, notre route.

Lever donc aux aurores, 6h, le but étant de passer cette fameuse "barrière" du kilomètre 9 depuis Mananjary, lieu névralgique pour tout départ, c'est un peu comme Quiberon, une seule route et voilà. Nous disons au revoir à Monseigneur José Alfredo, Jean Yves L'Homme et Petit Camembert qui nous ont bien adopté en 3 jours.



Nous décidons d'un passage rapide chez Joël "Captain Pablo" pour prendre les dernières nouvelles de l'état des routes et changer quelques ariarys. Atteindre sa case fut largement plus simple qu'hier, le niveau de l'eau a baussé de près d'un mètre pendant la nuit...Ce "baromètre" nous encourage à rester optimistes. Mais on ne quitte pas un homme comme Joel en 5 minutes et une poignée de main ! Il nous propose, météo clémente of course, de profiter d'un petite croisière sur le canal ; so be it !



Parcourir le canal et l embouchure nous permet de nous rendre compte des dégats provoqués par Jade : bateaux renversés, cases inondées voire anéanties et sous le pont, il ne reste qu' 1,5m de passage, loin des 3 mètres habituels. Et pourtant, il ne s'agit "que" d'une tempête, alors imaginez ce que provoque un cyclone....



Le temps est idéal pour cette sortie, le bleu gagne du terrain et les températures grimpent doucement.

Il est temps de se mettre en route. Joël décide de nous accompagner jusqu'au kilomètre 9, histoire de voir par lui même de l'état des routes : le bitume est sec, certes, mais des troncs et des branches sont en travers de la route tous les 30 mètres environ! Les habitants se sont mis à la tâche très tôt et nous passons les obstacles prudemment mais sans vraiment de difficulté.



Kilomètre 9, sorte de cuvette au milieu de laquelle passe la route, bonne surprise ! 10 cm d'eau sur la voie mais nous passons. Ouf.... et c'est ici que nous disons au revoir à Joël, du moins le pensons nous.



Mais voilà : 100 mètres plus loin, un glissement de terrain obstrue la quasi totalité du passage et un camion s'est enlisé en tentant de contourner le monticule de terre : route barrée. Avec 2 petites pelles pour déblayer, c'est parti pour plusieurs heures !


Nous décidons de retourner chez Joël, avec l'idée de profiter de la piscine en attendant que la situation se débloque...
Mais les éléments semblent contre nous. A peine sommes nous garés devant la villa qu'il se remet à pleuvoir. Romann et Caroline tentent juste une trempette rapide dans la piscine un peu froide. 2 heures plus tard, le temps est à nouveau dégagé et après un rapide lavage de cheveux pour Caroline (au seau et avec l'eau de la piscine car il n'y a toujours ni électricité ni eau à Mananjary), c'est l'heure d'une nouvelle tentative. Retour au point "hic" 1 virage, 2 virages... et surprise, la route est dégagée, du moins suffisamment pour ne pas entraver la circulation ni s'enliser. Caroline est sauve, elle n'aura pas à pousser.

Nous sommes cette fois bien en route pour Antsirabe, il faut compter 8 heures environ. Le temps file, les kilomètres aussi.. mais un peu moins vite... Ce n'est pas grave, le ciel bleu et les magnifiques paysages compensent largement l'attente.

Bien que nous ayons déjà pris le même chemin à l'aller, nous découvrons des paysages à peine entr'aperçus sous la pluie et le brouillard.



30 kilomètres avant l'arrivée, nos estomacs commencent à se manifester, puisque nous avons zappé le déjeuner. La délivrance approche, ou presque... nous nous faisons arrêter par la gendarmerie, une première depuis notre arrivée, les précédents barrages policiers ont toujours été une simple formalité. Nous apprendrons plus tard par Massi qu'il s'agit de mercenaires au service de l'ex président et qu'il lui a fallu débourser 10 000 ariary pour récupérer permis et carte grise. Petit racket...
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Nous arrivons à l'hotel à 20h15, et sommes à table 5 minutes plus tard. Même la douche que nous attendons depuis 3 jours n'est plus la priorité de la soirée. Pizza party chez Jenny, Royal ! ajoute Romann.
Le Green Park hotel avec ses bungalows ronds autour d'un petit plan d'eau où l'on peut même pêcher vous est recommandé par "les petits futés".